Texte
Quotidien Jurassien, 12 Mai 2007
Débora Beuret à la croisée des chemins Jean-Pierre Girod A la suite d'une première exposition consacrée à l'ambiance des gares, en 1997 aux Hauts- Geneveys, Débora Beuret a choisi de peindre l'être humain. En 2000, à la Galerie de l'Empreinte, à Court, elle présentait une suite de personnages situés dans des environnements imaginaires, librement peints en un style de tendance expressionniste. Une anxiété, une douleur perçait dans ces tableaux souvent sombres et bouillonnants. Au passage, à Moutier, trois ans plus tard, la jeune artiste prévôtoise aiguisait le regard qu'elle porte sur l'être humain, en peignant des portraits tourmentés, massifs aux traits mystérieux, aussi présents que fuyants, comme modelés dans la pâte picturale. Des titis songeurs Cette présence obsédante, on la retrouve dans le travail que Débora Beuret propose jusqu'au 20 mai à la Galerie Selz art contemporain, à Perrefitte, mais l'artiste prend de la distance et perd sans doute en intensité émotionnelle. Elle a évacué tout décor, toute référence à l'environnement et plante ses personnages colorés, souvent peints en pied, au centre d'une surface uniformément blanche au format confortable (170 centimètres sur 80), toujours vertical. Une présentation simple, minimaliste même et plutôt culottée, ou chaque figure apparaît comme une vignette agrandie et semble appartenir à l'imagerie populaire. Un sentiment accentué par le fait que les personnages sont des enfants ou de très jeunes gens aux allures de titi, sauf que la gouaille, à y regarder de près, se change ici en expression mélancolique et songeuse. L'émotion retenue rappelle les visages tourmentés aux traits à peine esquissés des portraits peints il y a quelques années, mais en plus équivoque. La palette s'est enrichie, dans l'ensemble les couleurs sourdes d'autrefois ont pris de la vivacité et de la transparence pour échapper à l'atmosphère pesante qui caractérisait les œuvres précédentes. C'en est presque riant bien qu'une indicible mélancolie sous-tende l'œuvre alors qu'avant, elle dominait. Comme si l'artiste se distanciait de l'atmosphère dramatique qui nourrissait sa peinture, qu'elle gommait en partie les états d'âme qui lui servait d'impulsion créatrice pour s'engager dans une figuration plus élaborée, laissant une large place aux libertés techniques. Son langage s'est enrichi, mais parfois le propos est un peu court. De l'individualité au modèle Aux portraits en pied livrant rapidement tout d'eux-mêmes, on préférera la série des Ombres, scènes à caractère fantastique où les personnages deviennent le jouet de leurs ombres démusurées. Ces tableaux ont pour qualité première d'entretenir le mystère, même s'ils ne sont pas dépourvus d'une veine narrative, voie anecdotique, orientée vers le symbolisme. L'exposition groupe également quelques peinures aux formes abstraites monumentales. Toiles fortes et déroutantes, laissant apparaître plus qu'ailleurs peut être les recherches techniques de l'artiste, qui s'exprime au moyen de craies à l'huile, par large touche modelée au pinceau ou au chiffon. Débora Beuret peignait des personnages pétris dans la pâte humaine, des individualités tourmentées. Les figures d'aujourd'hui sont devenues des sortes de modèles d'humanités, plus impersonnels, qui annoncent peut-être une voie nouvelle. L'artiste donne l'impression d'être à la croisée des chemins. Le quotidien jurassien du jeudi 19 avril 2007 Nouveau départ de la galerie Selz, avec Débora Beuret A la suite d'un ralentissement de ses activités puis d'une interruption de plus de six mois consécutifs aux ennuis de santé de son propriétaire, la galerie Selz art contemporain, à Perrefitte, repart d'un nouveau pied. Dès 2008, Beat Selz et sa famille comptent présenter entre six et neuf expositions annuelles et réorganiser entièrement le fonctionnement de la galerie. Cette année déjà, quatre expositions sont au programme, et la première s'ouvrira en fin de semaine. L'artiste prévôtoise Débora Beuret y présentera ses travaux récents jusqu'au 20 mai. Le vernissage a lieu dimanche, dès 16h, en présence de l'artiste. Née en 1978, originaire des Breuleux, Débora Beuret a passé son enfance à Moutier, où elle a suivi ses classes. Elle est diplômée de l'Ecole cantonale d'arts visuels de Bienne-Berne (2002) après avoir fréquenté l'Académie de Meuron, à Neuchâtel, puis l'Ecole cantonale d'arts du Valais, à Sierre. La jeune artiste a participé à une douzaine d'expositions collectives, principalement dans la région, et en est à sa quatrième présentation personnelle. En 2000, elle a été lauréate du Prix culturel de la ville de Moutier. Parallèlement à la peinture, elle mène une activité de graphiste et travaille régulièrement pour le Centre culturel de la Prévôté, notamment. Depuis l'exposition présentée en 2000 à la galerie de l'Empreinte, à Court, l'artiste se consacre presque exclusivement à la figure humaine, sans la moindre référence à la tradition du portrait, Ses personnages tourmentés, autrefois situés dans un environnement imaginaire réduit à sa plus simple expression, se détachent aujourd'hui sur le fond uniformément blanc du papier et acquièrent une présence troublante, inquiétante même. Débora Beuret peint au moyen de craies à l'huile, par larges touches modelées au chiffon ou au pinceau. Un travail essentiellement introspectif. (gi) |
Débora Beuret
Ausstellung:
April - Mai 2007 |