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Arno Hassler
Ausstellung 23. November – 21. Dezember 2003 SICHTEN Arno Hassler schafft Rundumbilder von 360 Grad mit einer analogen Fotokamera. Im 19. Jahrhundert wurden solche Bilder gemalt und auf der Innenseite einer Rotunde angebracht, mit Oberlicht aus einer Kuppel. Sie wurden «Panorama» genannt und sollten eine «grösstmögliche Illusion» erzielen, «die mit der Realität verwechselt werden konnte». ( Bernard Comment «Das Panorama», 1999/2000 ). Ursprünglich wurden diese Installationen auch als «Nature à Coup d’Oeil» bezeichnet. Hasslers Werke sind mit diesen früheren Schöpfungen verwandt. Im Gegensatz dazu sucht er jedoch nicht den wirklichen Rundblick nachzubilden, sondern zeigt seine Fotografien zweidimensional. Die Suche nach den geeigneten Bildausschnitten besteht im Wesentlichen aus der Wahl des Standorts für die sucherlose Kamera. Das Ergebnis ist ein zweidimensionales Gesamtbild, mit einer aneinandergereihten Vielzahl von Fluchtpunkten. Das Werk zeigt in der Tat die ganze Wirklichkeit um uns herum, nur können wir diese nie so sehen. Ohne eigene Aktivität und auf einen Blick erkennen Betrachter die Gesamtheit umgebender Land- oder Stadtschaft, eine Verschmelzung von Bewegung und Raum. Daraus entsteht eine eindrückliche optische Wirkung, die Realität als Illusion oder die Illusion als Realität. Diese ungewohnte Zusammenformung entwickelt mit ihrem synkopierten Rythmus eine eigene Kraft. Beruht die Sogwirkung auch darauf, dass Betrachterinnen und Betrachter sich gefühlsmässig im Zentrum des Bildes befinden, im Auge des Wirbels, und damit ein Teil desselben werden ? Hasslers fotografische Integrationsmethode verdichtet die Sehweise zu einer Raum-Zeit-Choreografie der Landstadtschaft, die den Blick ins Taumeln bringt. Beat Selz Le Quotidien Jurassien, 13.12.2003 Arno Hassler bouscule la perception de la réalité à la Galerie Selz à Perrefitte Ce sont de paysages montagneux et des paysages urbains que présente jusqu’au 21 décembre la galerie Selz-art contemporain, à Perrefitte. Peut-être étonné par les formats aussi allongés qu’étroits (jusqu’à cinq mètres de long pour 77 centimètres de hauteur), le visiteur reste pourtant en terrain connu, du moins le croit-il. Mais à y regarder de plus près, quelque chose étonne. A commencer par ce conteneur orange, que l’on retrouve en différentes endroits des quatre vues d’un carrefour de Brooklyn, quatre photos différentes qui ont un sérieux air de famille. Et ces chaînes de montagnes et de collines, ne semblent-elles pas s’étirer indéfiniment, paysage horizontal sans début ni fin ? Troublant, et Arno Hassler, l’auteur des photos, a tout fait pour. Ce qu’il propose, ce sont des images à 360 degrés. Autrement dit, placé dans l’angle de vue du photographe, le visiteur prend conscience, qu’en détaillant linéairement chaque photo, il finit par découvrir une portion de paysage censée se trouver derrière lui, et qu’en réalité il ne pourrait voir. La logique est subtilement bousculée. Hassler travaille sur la perception de la réalité, sur l’illusoire. En mettant simplement à plat ses panoramas, il oblige à un exercice intellectuel que le cerveau peine à digérer. Mentalement, on ne peut se représenter une vue à 360 degrés. Par groupes ou isolées, ses vues panoramiques représentent les Alpes grisonnes, une ville et des paysages turques, quatre photos couleurs d’un carrefour new-yorkais, enchâssées dans des caissons lumineux. Indépendamment de l problématique soulevée, ces travaux se singularisent par leur esthétique, une des préoccupations du plasticien, qui évite pourtant de conférer à ses photos une touche personnelle, une patte reconnaissable. Il cerne la réalité telle qu’elle est, souligne le caractère intimiste et mystérieux de paysages embrumés, joue des lumières changeantes, des répétitions d’éléments de l’image, donne au spectateur l’illusion de tout voir, par une sorte de surréalité. Comme à l’école secondaire de Bellelay, à la halle des sports de Moutier et dans d’autres lieux où il a signé des interventions, Arno Hassler part ici d’une approche scientifique. Il conçu lui-même un appareil de photo entraîné par un moteur, dont la focale fausse le moins possible la perspective. Mais comme toujours, ces préoccupations techniques, que sont les socle de l’œuvre, se fondent dans le résultat artistique d’un haute tenue. (gi) LA RÉGION 5.12.2003 Perrefitte – Galerie Selz Arno Hassler Le photographe Arno Hassler expose ses vues panoramiques à la Galerie Selz à Perrefitte. Des photos de 360 degrés bricolées et déroulées, qui nous posent de sérieuses questions sur nos capacités cognitives. Des formats de 77x509 ou 72x400 centimètres qui présentent de tours d’horizon dans un carrefour de banlieue de Brooklyn et sur une place déserte au crépuscule en Turquie pour la couleur, et dans les montagnes grisonnes ou turques pour le noir-blanc. C’est surprenant et impossible à imaginer. Notre cerveau n’est pas celui du caméléon. (ddg) Journal du Jura, 29.11.2003 Perrefitte / Arno Hassler à l’Espace d’art contemporain Selz Il nous fait tourner la tête On reproche souvent à certains Suisses leur esprit obtus et leur regard fermé sur le monde extérieur. Il n’en est heureusement rien durant ce mois à l’Espace d’art contemporain Selz. Le public a en effet l’occasion, depuis dimanche 23 novembre, d’entrer dans le monde argentique en 360 degrés de l’artiste régional Arno Hassler. Loin d’un Cartier-Bresson ou autre Salgado, réputés pour leur attachement au Leica M6 et donc au format 24X36, Arno Hassler a développé une tout autre manière d’appréhender la photographie. Il montre en effet son monde avec des clichés pris sur 360 degrés. Pour ce faire, on notera déjà les prouesses techniques que nécessite un tel angle de vue. L’artiste, faisant appel à cette ingéniosité régionale caractéristique, a en effet commencé par construire lui-même l’appareil lui permettant d’affirmer son langage. A cela s’ajoute un autre défi de taille, car si pour l’amateur il est déjà parfois difficile d’exposer correctement une image prise dans une seule direction, cela tient carrément d’un travail herculéen, presque suicidaire, de vouloir faire de même, mais sur 360 degrés, tant les différences de luminosité son énormes. Ayant vaincu ces obstacles par ce qu’appelleraient les pédagogues « la théorie de l’essai et de l’erreur », l’artiste de Crémines propose à Perrefitte un résultat surprenant, hors du commun et parfois même envoûtant. C’est donc dans une réorganisation ou plus précisément dans une reformulation de l’espace géographique que les spectateurs peuvent mettre le pied du côté de la Galerie d’art Selz. L’exposition mène dans un premier temps le visiteur dans des paysages noir et blanc en couleurs quelque peu mystiques, graves et parfois ténébreux. Dans un deuxième temps, il pourra se laisser emmener dans les tourbillons colorés et les différentes interprétations d’un espace urbain new-yorkais. L’œuvre d’Arno Hassler est assez paradoxale, puisqu’il transforme des paysages « circulaires » en une photographie exposée à plat. Cette transformation n’arrive cependant pas à tromper le cerveau, puisqu’elle crée une dissonance forte qui enroule le regard. Ne soyez alors pas surpris d’éprouver face à certaines œuvres, comme une sorte de vertige qui, à n’en pas douter, embarquera votre imaginaire dans une farandole aux mille temps. Cette ondulation cérébrale permettra certainement, à qui saura le capter, d’entrer littéralement dans ces œuvres, qui sur les murs gris de la galerie se transforment soudain en fenêtres colorées s’ouvrant sur un autre monde. Que vous soyez alors adeptes ou non de ce que l’on pourrait interpréter comme des palindromes photographiques, il n’est à n’en pas douter que les œuvres d’Arno Hassler sauront vous faire tourner la tête. (jhe) Arc Hebdo 20.11.2003 Illusion de la réalité – images à 360 degrés Arno Hassler crée des images à 360 degrés avec un appareil photo analogique. Au XIXe siècle, de telles images étaient peintes, puis installées sur la face intérieure d’une rotonde éclairée zénithalement par une coupole ; c’étaient, à l’époque, les fameux « panoramas », qui devaient « simuler une réalité au point de se confondre avec elle (Bernard Comment, « Le XIXe siècle des panoramas, 1993). A l’origine, ces installations étaient aussi appelées « nature à coup d’œil ». Les œuvres de Hassler s’apparentent à ces créations du passé. Mais contrairement à ces dernières, les photographies de l’artiste ne visent pas à reproduire de véritables situations panoramiques, dans la mesure où elles sont présentées à plat. La recherche des cadrages appropriés consiste essentiellement à choisir l’emplacement de l’appareil photo, dépourvu de viseur. Le résultat est une vue d’ensemble en deux dimensions, où se juxtaposent une multitude de points de fuite. L’image nous montre effectivement toute la réalité qui nous entoure, mais comme nous ne pourrons jamais la voir. D’un coup d’œil et sans devoir lui-même bouger, le spectateur est confronté à la totalité d’un paysage rural ou urbain, où se fondent espace et mouvement. L’attraction visuelle qui en résulte est saisissante – illusion de la réalité, réalité de l’illusion. Le rythme syncopé de ce singulier travail d’assemblage développe une force qui lui est propre. Sans doute l’effet d’aspiration qu’il exerce tient-il aussi à l’impression qu’éprouve le spectateur de se trouver au centre de l’image – dans l’œil du tourbillon - , et donc d’en faire partie. La méthode d’intégration photographique de Hassler condense la perception des paysages « rurbains » dans un espace-temps chorégraphique qui fait chanceler le regard. Wochenzeitung WOZ 20.11 2003 Arno Hassler Wir kennen sie, die Bilder, die Landschaften und Allegorien, die in den Kuppelsälen und Rotonden des 19.Jahrhunderts aufgemalt sind. Durch ein Oberlicht, zuoberst in der Kuppelrundung, werden sie beleuchtet. Damit hat man eine optimale Täuschung erreichen wollen; das gemalte Bild sollte aussehen wie eine echte Landschaft oder Szenerie. Später entwickelte man daraus die Panoramafotografie: 360 Grad mit einem Klick ! Arno Hassler, 1953 geboren, arbeitet mit einer analogen Panoramakamera, wobei er seine Bilder nicht als Rundblick versteht, sondern als ein zweidimensionales Bild mit mehreren Fluchtpunkten. Es ist, als ob man den Horizont gerade biegen oder das Meer, an dessen Ende das Schiff zuerst mit der Mastspitze erscheint, flach klopfen würde. Die Illusion einer quadrierten Welt, die man, ohne sich wenden und drehen zu müssen, mit dem Auge erfassen kann. Ausgangspunkt für Arno Hassler ist sein Standort, das Weitere sind Entdeckungen seiner Kamera. Für den Panorama-maler war die Vortäuschung des Echten Ausdruck seiner Kunst; der Panorama-fotograf will es genau umgekehrt. Das Echte soll sich so darstellen, wie er es sieht, und zieht die Schauenden ins Zentrum seiner Bilder; denn das Egozentrische geht immer vom Standpunkt der BetrachterInnen aus. (jal) |
Arno Hassler
Ausstellung:
November - Dezember 2003 |