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Le Quotidien jurassien, samedi 9 mai 2009
Un pont entre monde intérieur et réalité A la Galerie Selz, à Perrefitte, Peter Zacek présente des peintures inclassables tenant d'une technique remarquable Les oeuvres se nomment Unisson, Cocon domestique, Cape magique, Relax ou Un circuit après l'autre,et ne se ressemblent pas. Les titres n'ont du reste qu'un vague rapport avec le contenu du tableau. C'est que Peter Zacek est un artiste libre, qui se permet de passer sans ambages de formes géométriques aux contours nets à une suite d'entrelacs très libres ert flous, de sortes de cellules en suspension dans l'espace éthéré à un tableau carré et pesant, entièrement noir. L'étonnement est donc de tous les instants à la Galerie Selz - art contemporain, à Perrefitte, où l'artiste présente jusqu'au 17 mai une vingtaine d'oeuvres, souvent d'assez grand format. Mais l'absence d'unité stylistique ne relève pas du tâtonnement, de l'hésitation, de la versatilité; elle appartient au contraire au fondement de l'oeuvre. Peter Zacek est de ces artistes qui travaillent sans préalable, qui élaborent leurs tableaux au gré de l'inspiration, qui se laissent guider par leur monde intérieur, en ajoutant, en retranchant jusqu'au résultat final. Avec sa maîtrise technique, il peut sans autre se le permettre. Né à Vienne en 1962, Peter Zacek est d'origine tchèque. A la suite d'un apprentissage de dessinateur en bâtiment, il a suivi en 1984 le cours préparatoire de l'Ecole d'arts appliqués de Bâle. Il a séjourné à Vienne, à Barcelone, à Milan, avant de s'installer pour quelques années à Porrentruy. Il vit à Bienne depuis 2002. Performances et peinture L'artiste est surtout connu pour ses performances, réalisées dans toute la Suisse - en particulier dans les écoles d'art - avec le créateur zurichois Jörg Köppel. Tous deux cherchent une expression nouvelle, ils se mettent eux-mêmes en scène à l'occasion, recourent aux matériaux les plus divers pour réorganiser l'espace ou créer des ambiances pesantes ou féeriques au moyen de jeux de lumières, d'objets communs de toutes sortes. Un univers opprimant, drôle ou poétique, mais toujours décalé. Indépendamment des performances réalisées avec Jörg Köppl, Peter Zacek peint. Il aura fallu qu'il expose en 1999 à la Galerie Gaxotte, à Porrentruy, pour que les amateurs d'art jurassiens abordent cet autre versant de l'oeuvre. Autant dire que pour le plus grand nombre, l'ensemble pictural présenté à la Galerie Selz constitue une révélation. Une justesse naturelle Décalées, les performances de Peter Zacek? Sa peinture l'est autant, par sa divesité stylistique, par les étrangetés qu'elle évoque, mais aussi, d'une certaine façon, par sa technique, d'un autre temps. L'artiste, qui s'exprime parfois par la peinture à l'huile, recourt plus fréquemment à la tempera. Cette technique immémoriale a été employée jusqu'au Moyen Age avant d'être détrônée par l'huile. Le jaune d'oeuf fait office de medium pour lier les pigments. Ce procédé, qui assure transparence et luminosité, est pariculièrement exigeant et lent, puisque le liant à l'oeuf est peu couvrant. Seuls les peintres en recherche d'effets particuliers, les amoureux des subtiles matières picturales y recourent aujourd'hui. Peter Zacek est de ceux-là: son travail méticuleux tend à rendre l'espace, le volume, la profondeur avec une justesse naturelle, une rigueur pourtant loin des froides observations. Même dans les oeuvres qui se réfèrent à des thèmes indentifiables, comme les détails de mosaïques de Quasi, le peintre sait rendre toute la richesse de la matière, qui en devient presque palpable. C'est le secret d'une technique patiente, où se multiplient par dizaines les superpositions de minces couches picturales. Un pont entre rêve et réalité Que nous dit Peter Zacek? Pas de „message“, pas d'idéologie, aucun élément narratif et pas de référence non plus aux courants ou mouvement en vogue. Chaque oeuvre, dirait-on, part de rien - si l'on excepte la grande maîtrise picturale - et constitue une remise en question, un nouveau défi. S'il arrive que le peintre se réfère au monde visible, c'est pour le réinterpréter aussitôt. Chez lui, le cercle, le carré et autres figures dûment codifiées n'entrent jamais dans une composition strictement géométrique, mais s'insèrent dans une combinaison d'éléments disparates jusqu'à la franche opposition. Tel réseau serré d'entrelacs verts rappelant une végétation drue se voit en partie masqué par un carré noir, alors que dans Relax, de souples bandes bleu clair aux contours nets se superposent à une sorte de tapis végétal vibrant et flou, créant de déstabilisants effets d'optique. Si l'artiste affectionne ces chevauchements de motifs antinomiques, il n'en fait pas un système. Ailleurs, il prend pour thème un tissu écossais, peint en pleine toile, sorte d'échantillon velouté accroché au mur, et là, une forme oblongue (Cape magique) flotte comme un dirigeable vert luminescent dans un paysage indéfini d'herbe et de ciel délavé, sans qu'il soit possible de se rendre compte de la grandeur réelle du „sujet“. Sujet? C'est l'une des clefs de cette peinture: au sens strict, il n'y en a pas. Les tableaux, qui paraissent puiser dans le monde visible par quelques furtives références traduisent en fait l'univers intérieur de leur créateur, qui par un patient processus d'élaboration et d'effacement, projette sur la toile sa réalité intime. Que l'expression médiative recoupe par instant, la réalité extérieure confère à l'oeuvre toute sa vivifiante ambiguïté. Elle n'est pas figurative, pas réellement abstraite non plus, et semble jeter des ponts entre l'immatérialité de la pensée, du rêve, et le réel. Jean-Pierre Girod Bieler Tagblatt, Kultur, Freitag 17. April 2009 Atempausen im Strom der Zeit In der Performance-Szene ist er schweizweit ein Begriff: Peter Zacek. Doch nun präsentiert sich der Bieler in Perrefitte als Maler. Mit Bildern, die Bewegtem Ruhe entgegensetzen. Performance ist Bewegung. Aktion, Geschehnis. Das 2008 im Bieler Verlag clandestin erschienene Buch „Köppl/Zacek 1997-2007“zeige dies in bezug auf Peter Zacek und seinen Performance-Partner Jörg Köppl auf. Doch jetzt lädt die Galerie Selz in Perrefitte – wo man immer wieder Bieler Kunstschaffenden begegnet – zu einer Ausstellung mit Malerei des 1962 in Wien geborenen Künstlers. Eines ist auf anhieb klar: Diese Bilder sind nicht die Werke eines Performers, der aus einer Laune heraus zur Malerei wechselte. Bilder, die in einem solchen Mass Ruhe und Spannung in Balance zu bringen vermögen, sind Resultate ausgereifter Beschäftigung mit Malerei. Schon letztes Jahr verblüffte Peter Zacek in Biel im Rahmen des „Joli moi de mai“ und im Kontext von „Reçu“ in der Alten Krone mit Einblicken in sein haptisches bildnerisches schaffen. Doch was sich dort als Auslegeordnung eines breiten Recherche-Feldes präsentierte, zeigt sich nun um Berner Jura als Konzentrat auf vielfach grossformatige Malerei. Kunst-am-Bau-Projekt Fragen drängen sich auf, insbesondere warum man Zacek nicht schon lange als Maler kenne, Er habe immer gemalt, sagt er in seiner typisch lakonischen Art. Früher habe er auch ausgestellt, wo es sich ergeben habe, aber als es dann mit der Performance so richtig losgegangen sei und sich eh niemand für Malerei intgeressiert4, habe er nur noch für sich gemalt. Doch mit der Zeit, so der Künstler, sei es halt schon frustrierend, dass Performance so ephemer sei, nichts bleibe, nichts greifbar sei ausser Fotos und Videos. Nein, das Ende der Performance bedeute die aktuelle Ausstellung nicht, sagt er weiter, im Moment laufe gerade in Zug ein spannendes Performance-Kunst-am-Bau-Projekt und zwei Filme seien auch en route, aber es sei ihm wichtig geworden, auch den Gegenpol, die Malerei, zu zeigen. Zeigen darf sie sich wahrlich, auch wenn es Zeit braucht, bis sie ihren Brennpunkt frei gibt. Denn die Bilder lassen sich weder formal noch inhaltlich auf Anhieb zu einer Einheit verbinden. Man sieht, dass jedes Bild mehrere schichten aufweist, sieht sowohl räumliche Tiefe wie Zugedecktes. Man stellt fest, dass malerisch Bewegtes und Konstruktives einander begegnen, doch benennen lässt sich das Sichtbare nicht so leicht respektive das benennen der Fruchtkörper, Lamellen, Rotonden, Lianen führt nicht zum Ziel . Womit er sich denn auseinandersetze, fragen wir ihn, und die Antwort ist so knapp, wie es zu Peter Zacek gehört. Er sagt: „ Die Welt“. Und ergänzt, er lese viel, Politisches, Gesellschaftliches, Universales, und er mache sich Gedanken. Offensichtlich ist es aber nicht das einzelne, das haften bleibt, sondern im Gegenteil, das Detail erweist sich irrelevant bezüglich des Ganzen und darum verschwindet es im Bild, wird zugedeckt, ist höchstens noch als Irritation auf der abschliessenden Malhaut spürbar. In Ruhe übergeführt Letztlich gibt es auf dieser ungegenständlichen ebene aber doch einen roten Faden. Denn in praktisch jedem Bild gibt es Kompartimente, die in zumindest einer ihrer Schichten Knäuel, Wege, Wachsendes oder unscharf Flirrendes zeigen. Diese werden von meist monochromen, geometrischen Formen so in Schach gehalten, dass das Bild stillzustehen scheint. Und zwar nicht einfach angehalten im Strom der Zeit, sondern gewissermassen in Ruheübergeführt. „Ja, die Bilder sind Endprodukte eines Prozesses durch verschiedene Stadien und Medien hindurch“, sagt Zacek. Mehr wisse er auch nicht, sie entstünden halt einfach und irgendwann seien sie „abgelegt“, seien sie so weit, dass man nichts mehr wegnehmen und nichts mehr hinzufügen könne. Zeitgenössisch einzuordnen Je länger man als Besucherin in der Ausstellung verweilt, desto mehr spürt man, dass just dies die Qualität von Zacek mit grosser Sorgfalt gemalten Bildern ist. Und dass sie dadurch gleichsam äusserster Kontrapunkt zur Performance sind. Doch wo soll man die Bilder kunstgeschichtlich einordne? Darin, dass sich Informelles und vage Benennbares, Mikro und Makro-Massstäbe durchmischen, macht sie zeitgenössisch. Gleichzeitig sind aber auch Merkmale der Malerei der 1960er/70er-Jahre erkennbar, als der Einfluss der amerikanischen Minimal-Art auch in Europa die Formen der Welt aufs Minimum reduzierte. Annelise Zwez |
Peter Zacek
Ausstellung:
April - Mai 2009 |